“Deux individus à la barre pour 119 kg de cannabis saisis”, La Provence, 14/02/2025
Deux individus à la barre pour 119 kg de cannabis saisis
Ivan F. et Diego G. comparaissaient vendredi 7 février 2025 devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour des faits de transport, détention et importation non autorisée de stupéfiants. Ils ont été condamnés à deux ans de prison, dont six mois assortis d’un sursis simple.
Deux individus suspects contrôlés par les douanes au péage, 119 kg de cannabis trouvés à l’intérieur de leur camion, et voici une nouvelle affaire de transport de stupéfiants jugée par la justice d’Aix-en-Provence. C’est ce qui s’est passé pour les deux prévenus de nationalité espagnole, repérés par les douanes au péage de Lançon-Provence avant d’être arrêtés au péage de La Barque le 2 décembre 2024.
Si le jugement semble fait d’avance, dans cette affaire, le tribunal a pris plusieurs jours de réflexion avant de rendre son délibéré. Car si le premier prévenu, Ivan F., a reconnu les faits devant le tribunal, ce n’est pas le cas de son comparse, Diego G., âgé de 53 ans. Depuis le box des accusés, Ivan F. a d’ailleurs tenté de disculper son compagnon. Il a expliqué qu’il travaillait lui-même pour une entreprise de transport depuis fin août 2024 :
“J’ai demandé à Diego de m’accompagner car ce sont des voyages longs et fatigants. Mais lui n’avait pas de contrat. L’entreprise pour laquelle je travaillais non plus ne savait pas ce que je transportais.
Rembourser une dette
Le routier espagnol devait acheminer des vêtements d’Espagne jusqu’en Croatie. Il avait accepté que le trafiquant de drogue avec lequel il était en contact fasse un creux dans une palette pour y cacher 119 kg de marijuana.
“Comme beaucoup de gens de sa profession, il s’est fait aborder sur une aire d’autoroute où on lui a proposé de transporter de la drogue. Ils en reçoivent tellement des propositions qu’à la fin, ils finissent par craquer”, a défendu son avocat, Me Lubrano-Lavadera.
Son client avait une dette de 6 000 € à rembourser, et c’est sa situation financière qui l’a poussé à passer à l’acte. Il est divorcé et vit chez ses parents à 49 ans.
“On a un homme qui, dans sa grande pauvreté, a décidé d’entraîner un autre encore plus pauvre…” a estimé son avocat en désignant son compagnon dans le box.
Diego G. était au chômage suite à des problèmes de santé.
“Quelques mois avant les faits, il a failli perdre la vie dans une opération de l’estomac”, a expliqué son avocat, Me Pizarro.
Depuis peu, il faisait de petits travaux pour l’entreprise de transport, c’est ainsi qu’il a rencontré son comparse. Devant le tribunal, le prévenu, qui semblait physiquement affaibli, s’est plusieurs fois emmêlé dans ses explications face à la présidente du tribunal, qui l’a assommé de questions pour tenter de démêler le vrai du faux.
“Donc vous avez accepté de transporter en Europe des biens dont vous ne connaissiez rien pour un employeur qui ne vous payait rien ?”, l’interroge-t-elle.
“Oui, je n’avais pas de contrat de travail,” a répondu Diego G., dont la fille récitait des prières, chapelet en main, dans la salle du tribunal pendant l’audition de son père.
Le verdict
Le procureur a estimé qu’il y avait suffisamment de preuves démontrant que le prévenu, Diego G., qui ne reconnaît pas les faits, avait connaissance de ce qui était transporté dans le camion. Il a requis pour les deux routiers trois ans d’emprisonnement avec maintien en détention, interdiction du territoire français pendant trois ans et une amende douanière de 500 000 €, compte tenu de la valeur des stupéfiants transportés, estimée à 1 187 000 €.
Les deux prévenus ont été reconnus coupables des faits de transport, détention et importation non autorisées de stupéfiants et sont condamnés à deux ans de prison, dont six mois assortis d’un sursis simple, interdiction du territoire français pendant trois ans, et une amende de 10 000 € chacun.